Riou & Frioul – Juillet 2023

Qui dit weekend prolongé estival dit navigation évidemment. Cette fois direction les Calanques, et les îles du Frioul.

Un départ matinal aux couleurs boréales

Vendredi 14 juillet 2023, 6h passage en solo sur Gorri du pont matinal de Martigues. Les cuves d’eau et de carburant sont pleines et les coffres chargés de toutes les bonnes choses nécessaires : pâtés, fruits, livres, etc.

Pas vraiment de destination établie. Les conditions de la journée semblent bonnes le matin (10/15 noeuds) puis très faible en milieu de journée pour repartir avec le thermique dans l’après-midi.
Au plus court ce sera le Frioul ou plus lointain Cassis.

La sortie du golfe de Fos est plutôt agréable même si ce vent de sud-sud-est me contraint à aller chercher assez loin.

Comme prévu le vent tourne en prenant de la gauche, j’envoie le spi. Puis il tombe aux alentours de 11h30. Affallage.

J’ai donc décidé de m’essayer, dans ces conditions de très faible vent, et de trafic quasi inexistant, à la sieste en solo. J’ai réglé deux alarmes, celle de mon portable sur 20 minutes et celle du PC de navigation sur 15. J’active aussi les alarmes de trafic AIS et de perte de signal. Je dégage la couchette dite cercueil derrière la table à cartes, et je m’y faufile. Je ferme les yeux et attends.

Je cherche à reconnaitre chaque bruit, chaque battement de GV, retenue avec un bloqueur pour éviter l’empannage sauvage, chaque mouvement de roulis au passage de la faible houle. J’essaie de voir le bateau depuis le dessus, je cherche à comprendre l’inclinaison de gîte, la taille de la vague qu’il passe. J’essaie de sentir le bateau repartir sur un souffle d’air plus fourni ou au contraire de sentir s’il s’arrête à nouveau.

Et au bout de 13 minutes, le téléphone sonne. Sonnerie d’appel, c’est mon papa ! A t il senti que je sortais de ma zone de confort et découvrais un nouvel espace, en pleine zone d’apprentissage. Là où la peur ne nous pétrifie pas mais au contraire nous pousse à la vigilance. Quand les repères disparaissent et que l’on s’expose à de nouvelles dimensions. Peut-être… Il faudra lui demander.

Quoi qu’il en soit les alarmes, bien qu’inutiles cette fois, ont sonné. Rassurant. Et j’ai fermé les yeux quelques minutes. Une grande première.

Approche à l’ouest du Frioul au Bon plein tribord amure

L’air est revenu vers 13-14h mais plus à droite. Je continue le voyage sans destination au près. Ça tombe bien, Gorri adore et moi aussi.

J’arrive vers Riou, au milieu des Calanques vers 16h. Les mouillages sont encore bien chargés. Il faut se frayer un chemin pour réussir à mouiller. Mes 15m de chaîne, bien que complétés par une grande longueur de câblot, me demande, pour le moment de mouiller par 5 voire 6 m maxi. A Riou c’est plutôt 10m. Je m’approche trop de la côte et reprendrai mon mouillage 3 fois avant d’être correctement placé pour la nuit.

Coucher de soleil depuis le mouillage à Rio le 14/07/23

Samedi 15 juillet un vent de sud est de 20 noeuds est annoncé. Et dès 9h nous avons déjà 15 pour noeuds. J’hésite longuement à rester mais les rafales de 35 noeuds, sur un mouillage de 15m de chaine + 20m de câblot, dans 6m de fond, coincé dans l’anse et seul, me font relever l’ancre et partir à 10h pour rejoindre le Frioul. Ça aurait peut-être tenu mais je ne voulais devoir gérer ça en solo.

Un envoi à revoir

10h je prends donc la décision de rejoindre le Frioul. Seul, je pars du mouillage au moteur, le vent me venant de trois-quarts arrière. J’enclenche le pilote pour me maintenir face au vent et envoyer le solent. Ma voile d’avant est sur ralingue. J’ai installé une petite « couille de chat » en bas du guindant pour faciliter les envois. Mais par 20 noeuds de face, la voile recule sur le pont et forme rapidement un angle avec le système. Impossible donc de hisser. Je risquerais d’abimer gravement la voile. Mauvais plan. Faut-il changer le système pour quelque chose de plus simple et solo ? Voile à endrailler ? Et retirer l’enrouleur ? … A suivre …

Ce sera donc 2 heures de moteur… et par le parcours touristique. En effet, la baie sud de Marseille est interdite à la navigation du fait du Test Event, la compétition de répétition des JO 2024. Il me faut faire le tour par le nord du Frioul. La gendarmerie maritime, les affaires maritimes, et la douane sont sur zone pour rappeler la règle et verbaliser si nécessaire.

Calanque du port de Pomègues

La journée est venteuse ce samedi au Frioul. L’occasion de découvrir l’île de Pomegues au sud. Le soir je retrouve des amis et accueille avec eux un autre bateau. Sans marche avant ils s’engagent marche arrière face au vent mais cela ne suffit pas et le bateau se retrouve posé sur les pendilles des voisins. Nous passerons plus d’une heure avec voisins et passants à placer le Bavaria dans une place. Nul doute que ça a animé le samedi soir des touristes attablés sur le port. L’occasion pour moi de rencontrer d’autres marins et de gagner une bière bien fraîche.

Il faut bien rentrer

Dans la nuit le vent est tombé et revient vers 11h le dimanche. Je quitte le Frioul a 12h30 pour profiter du flux de 10/12 noeuds qui me fait avancer a 5,5 noeuds. Un régal. Je rattrape même un Sun Odyssée 386. Meilleur cap, meilleur vitesse. Décidément le Rush au près est très très bon.

Gorri devant le Frioul (GV+Génois)

Il faudra se faire à l’idée d’allumer le moteur vers 16h30 dans 5 noeuds de vent pour arriver à tant à Fos, prendre le canal et être à 19h devant le pont pour rentrer à Martigues.

Quel moment ! Quels ajustements ?

Il faudra réfléchir sur la ligne de mouillage. Est-elle suffisamment longue ? Dois-je passer à 30m de chaîne ? Il faudra tester l’actuelle dans un peu de vent mais avec du monde à bord.

Boire de l’eau chaude pendant 3 jours n’est pas des plus plaisant. Décision est donc prise d’installer un groupe froid à bord pour faire de la glacière un réel frigo.

Enfin cette ralingue… comment réussir à changer de voile, seul, dans des conditions soutenues ?

En somme un superbe week-end de détente, d’apprentissage, de rencontres. Une météo particulière, avec un soleil généreux. Et toujours là sécurité avec gilet et harnais meme au moteur, même par 5 noeuds. Bref, quel plaisir !

Joie et excitation au départ le vendredi à 6h du matin devant Martigues

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