Juin 2024 – Massilia Offshore

Dimanche 23 juin 2024 : départ de la Massilia Offshore ! Début d’une aventure, commencement d’une première fois. L’objectif est simple : arriver le plus vite possible à Barcelone en partant de Marseille.

La Massilia Offshore est ouverte à de nombreux concurrents. Certains, comme nous, vont courir en équipage : Osiris Équipage. D’autres vont être en duo comme les IRC duo ou les Class40, et puis d’autres seront en solo : IRC Solo et Mini 6.50.

Pour Overdose Charly ce sera OSIRIS Équipage. Nous serons 5 : Luc – le skipper et propriétaire – et puis Radjani, Eric, Guillaume et moi. Pour la plupart d’entre nous ce sera une première fois. Nous avons toutes et tous couru des régates, fait des croisières avec navigation de nuit sur plusieurs jours mais courir de nuit : jamais.

Gestion du sommeil, répartition des tâches, alimentation, je m’apprête à apprendre, à découvrir un nouveau pan de la voile : la course au large !! Je suis excité, et j’appréhende aussi un peu. Mais j’ai confiance en Luc, en son bateau et en l’énergie que je perçois de mes co-équipiers.ères.

Les conditions s’annoncent bonnes, voire musclées au départ et ensuite calmes, voire trop calmes. Le comité décide donc au matin du départ de modifier le tracé en nous demandant de virer une bouée virtuelle au milieu et non autour des Baléares ou en direct.

A quelques minutes du départ, l’ambiance est bonne… Chacun .e prend ces repères, Luc répartit les rôles et nous préparons la nuit à venir et l’organisation des quarts. Ce seront des quarts de 2 heures. Sur l’image Luc manque… occupé à la table à cartes à optimiser le parcours ! N’oublions pas : c’est une course !!

Le départ est donné !! La mer est relativement formée et le vent monte rapidement. Choisir la voile J1 ? J2 ? Gennaker ? Spi ? Préparer la prochaine manœuvre, anticiper le repas du soir et éviter le mal de mer des premières heures. De mon côté je m’occupe du réglage de la voile d’avant. Je comprends vite que les rôles assignés vont vite être un doux poème et que nous allons devoir tout faire en équipage réduit. Certains se reposant, d’autres malades… Pauvre Guillaume qui n’arrivera pas à sortir de son état avant le lendemain après-midi. Il faut donc performer, pousser le bateau à 90, 95 voire 100% de ses capacités en étant que 2 voire 3.

Pour le choix des voiles, le vent nous simplifie la tâche. La route au 200° est faisable en direct à 120° du vent apparent. Pas de question à se poser : spi ! En revanche, malgré des rafales à 25 voire 30 noeuds l’avons gardé très longtemps. Nous apprendrons plus tard que nous avons gardé le spi bien plus que nos concurrents…

A la marque virtuelle, il y a un regroupement. Alors que chaque bateau a suivi sa stratégie, sa route depuis le départ, nous donnant l’impression d’être seuls, à la marque il en arrive de partout. Impression étrange de voir tous ces bateaux, tourner à 90° au milieu de nul part. A l’AIS, sur Overdose, on ne voit qu’à quelques milles nautiques, 6 voire 10 milles peut-être. Pas assez pour connaître le classement. Une fois la marque passée, le peloton se re-disperse. Certains vont vers le nord, la route la plus directe, d’autres partent plus au sud pour chercher plus de vent…

Ils ont certainement vu juste car quelques heures plus tard, comme les fichiers l’annonçaient d’ailleurs : plus de vent. Pas même 5 noeuds . La vraie pétole… Quelle affaire. Être posé au milieu de l’eau sans rien voir autour si ce n’est 2 ou 3 bateaux tout autant posés, guetter la risée à la surface, supputer que le vent est par ici, ou plutôt par là et attendre… principalement attendre en évitant à tout pris de tourner en rond sur l’eau, et dans la tête.

Finalement, après 3 voire 4 heures laborieuse dans une pétole assommante de chaleur, nous accrochons un petit filet d’air qui nous tiendra jusqu’à Barcelone. Au total nous aurons mis 1 jour 15 heures 46 minutes et 5 secondes pour parcourir 250 milles soit une moyenne de 6,3 noeuds. Ceci nous place à la 7ème place parmi les 12 concurrents de la catégorie.

À Barcelone nous sommes accueillis au Royal Yachting Club au cœur de la ville !! Le club est littéralement au pieds des Ramblas. Cerise sur le gâteau nous avons accès la piscine… Idéal pour se détendre de cette première manche et pour digérer les nombreux tapas et les quelques sangrias. Certains iront voir les AC 75 de l’Americas Cup 2024 sont à l’entraînement dans la baie. De mon côté : balade, lecture et repos. Je dirais avoir plutôt bien gérer mon énergie sur cette première étape. Je n’arrive ni KO ni reposé. Je n’ai pas mal dormi, juste trop peu. Et si aux premières heures de course je ne me sentais pas top – certainement l’appréhension – le cachet de Mer Calme m’a aidé, beaucoup aidé.

Massilia Offshore 24 : Tapas et sangria à Barcelone avec 4 équipages : Equinox, Godzilla, Varenne et Overdose

Chacun vit donc sa vie mais nous savons nous donner rendez-vous dans les cafés de Barcelone pour animer les soirées. Cette ambiance village de course est vraiment unique et excitante. Nous n’avons que quelques jours – arrivés mardi au petit matin nous repartons jeudi. Les premiers moments c’est le débrief. On revit la course : quelles voiles, quelles stratégies, quels couacs, quels menus, quelles configurations de sommeil, etc. Et dès mercredi c’est déjà la deuxième manche qui occupe les esprits. A nouveau on rebat toutes les cartes à partir des bruits de couloir des tracés. Qui partira au nord, qui au sud, qui à un modèle fiable pour la météo, comment intégrer les courants dans les logiciels de routage… Tout cela sans animosité. On est lucide de ne pas être au Vendée Globe.

Jeudi matin le départ est donné. Le tracé est simple, basique, direct : Barcelone -> Marseille.

Le hic c’est à nouveau le vent. Les modèles annoncent du calme jusqu’à la mi-journée puis une pétole jusq’au petit matin du vendredi avant un coup de vent fort le samedi. Il faut donc se hater sans le pouvoir … Les joies de course.

Les modèles avaient vu juste. La mer est d’huile. Notre chance : un courant le long du littoral qui nous amène au nord. On progresse à 1,5 noeud sur un tapis roulant, les voiles fassayent, le soleil nous écrase. On se relaie à la barre pour tromper l’ennui et rester dans la course. Certains attrapent un filet d’air et s’envolent. L’impression – comme au péage – de ne jamais être dans le bon couloir. Les amis autour vont plus vite, ont davantage de vent, de courant. L’avantage : un coucher de soleil sublime.

Massilia Offshore 24 : Coucher de soleil en remontant de Barcelone

Le vent rentre dans la nuit. Je me réveille pour mon quart le bateau file 6,5 noeuds sous spi !! Un régal !! La journée de vendredi est assez simple. Le trajet est direct la stratégie est limitée. Du moins le pensait-on. On se dira, plus tard, avoir trop tardés à changer de voile.

En chemin, nous avons tout de même eu la chance de rencontré des globicéphales. Les globi sont des mammifères marins. Gros dauphins, petites baleines, on les reconnaît facilement à leur crâne aplati à l’avant, leur donnant une tête carrée.

A l’arrivée au petit matin le samedi surprise. Nous rentrons dans la baie nord sous génois. Le vent est de 15 peut-être 20 noeuds. Tout à coup le soleil perce derrière les calanques, nous dépassons Tiboulen de Frioul. A ce moment, nous pouvons sentir la ligne et le café chaud du port mais Eole a un autre plan pour nous… Le vent tourne de 90°. Nous suivons. Luc demande à envoyer le spi pour faire le bon cap. C’est fait. Le vent revient au travers. Nous affalons et envoyons le code 0. Puis le génois pour suivre le vent qui revient et repart. On enroule le génois et on renvoie le spi, puis le code qui nous lâche, nous obligeant à renvoyer le spi. Nous croisons les doigts en rasant la pointe nord du Frioul. Le plan d’eau est vide, seul le Zodiac du photographe nous accueille. La ligne passé nous regardons derrière … vent stable, route quasi directe pour les poursuivants… Bilan : nous aurons changé 5 fois de voile en moins de 10 minutes.

J’arrive exténué. J’ai tout donné, peu dormi et cherché à batailler à chaque moment de cette deuxième étape. Réglage permanant , matossage régulier, repos limité. Nous finirons cette seconde étape de 182 milles en 1 jour 18 heures 42 minutes et 13 secondes, à la 7ème place également. Cette fois avec cette pétole le long de l’Espagne notre moyenne chute à 4,3 noeuds.

Quelle belle expérience !! Merci à Luc pour la confiance et aux camarades de l’occasion pour ce qu’ils m’ont apporté. On repart quand ??


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