Du frais pour GORRI

J’aurai tenu un an ! Moins de 400 jours ! Le weekend du 14 juillet aura eu raison de mon « combat », de mon « pas besoin de frais pour quelques jours par ci ». Quelques recherches sur LeBonCoin, un peu de négociations et me voilà livré en 4 jours d’un groupe froid et de son évaporateur. Il faudra remplir le gaz disait l’annonce aussi… Car oui, ok pour installer un « frigo » mais alors d’occaz.

Par contre, quel chantier !!! Il me faudra plus de 9 heures pour finaliser la chose. Prise en main de l’appareil, préparation générale, connections, fixation, essais, correction, GLAÇONS !

Un frigo : Kezako ?

D’abord, pour moi, avant d’installer la bête, il me fallait comprendre comment fonctionne un frigo.

Le sytème installé à bord (sans la récupération de chaleur)
Crédit : climatisationgainable.blogspot.com
  1. Un gaz est compressé dans le compresseur et passe sous forme liquide
  2. Le fluide circule dans le système jusqu’au condenseur où la chaleur produite par la compression est évacuée grâce à une ventilation
  3. Le circuit continue jusqu’au détendeur pour repasser sous forme gazeuse
  4. A travers l’évaporateur le gaz diffuse « sa » fraîcheur et refroidit l’air autour
  5. Puis retour au compresseur et c’est reparti

Il y donc un changement de température, de pression et un changement d’état. Le gaz est injecté dans le système avant le compresseur. Il est donc encore sous forme gazeux et en basse pression. Le gaz d’un groupe froid est similaire à celui des climatisations de voiture. Je reviens plus tard sur mon choix et sa mise en œuvre – plutôt chaotique.

Le groupe que j’ai acheté. On voit le bloc compresseur, le bloc de la carte électronique où sont connectés 4 câbles, le condenseur qui emprisonne un ventilateur, sur lequel est posé le thermostat rouge.

Installer le groupe

On l’a vu, il faudra donc disposer le groupe avec le compresseur, le condenseur et le détendeur, à un endroit. Et à l’intérieur de la glacière existante l’évaporateur.

Car oui, comme on le voit sur la photo qui date de juin 2022, Gorri – à l’époque Fidji – dispose d’une glacière – ici remplie de bouteille d’eau. On voit aussi que lors de l’achat il y avait un mini-bar que j’ai retiré durant l’année car : il ne fonctionnait pas si bien, je voulais mettre des plaques sur cardans pour cuisiner en navigation ou lors de mouillages houleux, et aussi – je dois l’avouer – à l’époque, je pensais qu’un frigo était clairement du luxe non nécessaire pour des navigations de 2, 3 voire 4 jours.

Perçer

J’ai choisi de mettre le groupe sous l’évier. Il faut donc que j’amène l’électricité à ce niveau. D’autre part il faudra que les « flexibles » puissent rejoindre la glacière.

Pour l’élec, j’ai choisi des câbles souples de 6mm2 qui sur une longueur de 5m supporteront tout à fait la puissance du groupe de 35W, soit environ 3 Ampères. Et pour tirer cette ligne proprement j’ai voulu installer une gaine. Il faut partir du tableau à tribord à côté de la table à carte, passer à travers le compartiment du réservoir, celui du moteur pour ressortir sous l’évier.

Pour le gaz, il faut passer les « flexibles » qui sont en réalité des tuyaux métalliques ductiles – que l’on peut tordre. Mais attention à ne pas les casser 🙂
Évidemment j’aurai perçé trop étroit (φ 25mm). Il faudra reprendre avec un nouveau diamètre φ 40mm. Mais ma cloche n’est pas idéale. Les diamètres les plus larges sont de la même hauteur de scie que les plus étroits. Je ne peux donc pas me servir du précédent trou comme guide du plus large. Il faut viser juste et engager la scie avec une grande vitesse de rotation pour marquer l’emprunte. Dans l’idéal – ce qui est rarement le cas – les deux perçages sont concentriques. Perdu ! Et en plus le socle des scie est large et vient frotter contre la paroi de la glacière. On voit les marques sur les images…

On a vu que la compression va faire augmenter la température et que le condenseur va permettre de la dissiper, d’où le ventilateur. Encore faut-il une arrivée et une sortie pour renouveler l’air et le brasser. J’ai donc installé une grille rectangulaire de 140 cm² sur la porte et une autre circulaire, bien plus petite, de 19 cm², derrière l’évier, dans l’emplacement de rangement des couverts.

Connecter

Côté élec, rien de bien sorcier pour le coup. Glisser les câbles dans la gaine, et les connecter d’une part au tableau derrière un fusible de 15A, et d’autre part à la carte électronique du groupe.

Maintenant les raccords de gaz et l’installation de l’évaporateur. Il faut passer les flexibles à travers le trou, les récupérer et les tordre sans les casser ni les pincer, et installer l’évaporateur. Le mien est un modèle en U, le VD-07. L’avantage est que le gaz refroidit tellement l’air à l’intérieur du U que l’on peut réussir à faire des glaçons. Et ça, ça n’a pas de prix !!

Les flexibles passés, il faut se contorsionner pour caler les entretoises qui permettent de décoller l’évaporateur de la paroi de la glacière, et visser. Et si ça tient, ne plus rien toucher !! Ah il faut pensent à placer l’extrémité du thermostat sur le haut du U avant de ne plus y avoir accès. Un sacré jeu tout ça mais à un moment on y est, j’y suis.

Enfin boucler les flexibles pour les loger au fond et amener les raccords vers l’avant pour les connecter au groupe. Ne faire tourner que les écrous de serrage et pas les flexibles.

Recharger en gaz

Évidemment puisque le système est vide il ne peut y avoir compression/détente et donc je n’observe ni échauffement du condenseur ni rafraîchissement de l’évaporateur.

Auparavant nos frigos utilisaient du fréon, puis les climatisations ont été équipés de R134a.
Le Fréon est un gaz à fort effet de serre et est connu pour être l’un des grands responsables de la destruction de la couche d’Ozone. Bref un truc sympa quoi 🙁
Le R134a a donc repris le flambeau après le protocole de Montréal et l’interdiction progressive du Fréon. Mais lui, le R134a, il contribue grandement à l’effet de serre. Global Warming Potential (GWP) = 1430

J’ai donc choisi de me tourner vers un autre fournisseur et un produit moins nocif. J’ai pris du Duracool 12a. Il est présenté comme n’ayant aucun impact sur la couche d’ozone et l’effet de serre – GWP = 3.

La recharge s’effectue groupe en marche, avec un flexible proposé initialement pour les climatisations. On connecte la cannette au percuteur, puis le raccord SAE 1/4 et sa vanne Schrader – la même que les chambres à air des VTT. En remontant le percuteur on libère progressivement le gaz qui pénètre dans le système. La jauge manométrique permet de s’arrêter quand la pression est d’environ 45 PSI soit 3 bars.

La cannette de Duracool et le flexible de rechargement avec le percuteur, le manomètre et la vanne que l’on aperçoit dans le raccord SAE 1/4 dans ma main.

Tester

Le fluide parcourt le circuit. J’entends un glou-glou dans le compresseur. Les raccords ne semblent pas fuités. Le compresseur commence à chauffer et quelques minutes plus tard, des bruits de craquement sortent de l’évaporateur qui fraîchit petit à petit !!

HOURRA !!!

Isoler

Maintenant que tout est en place et fonctionne, je rebouche le trou de la glacière avec une mousse expansive de polyuréthane. Quand elle est sèche je reviens la découpe au ras de la paroi pour obtenir un résultat lisse – si possible.

Surprise surprise

Bon le remplissage ne s’est pas aussi bien déroulé que le texte ne le suggère. En percutant la canette, la pression est montée. 50, 100, 150 PSI !! J’ai pris peur d’exploser le sytème et je l’ai retiré, dévissé du flexible. A ce moment là, puisque percutée, la canette s’est vidée en quelques secondes dans un grand PSSSCCCHHHHH!! En sortant le gaz je dilate et donc… refroidit son milieu en l’occurrence la canette. Je réalise que je perds tout et la revisse au flexible qui s’était entre temps dévissé au niveau du manomètre… Foutu loi de Murphy !!

Bilan je n’ai du remplir que quelques grammes qui ont néanmoins suffit pour me prouver que le système fonctionnait. Mais 3 jours plus tard, heureux comme Ulysse et confiant comme Pierre, j’allume le frigo au tableau. 1h plus tard alors que le groupe tourne … et bien la température n’a pas bougé.

Mon premier diagnostic est un manque de gaz. J’écris ces lignes – le 29/07 au soir – avant d’avoir pu tester cela. Dès que je reçois la nouvelle canette je saurai. A suivre donc

La première suite

Nous sommes le 06 août et a canette de gaz est enfin là. Cette fois pas de blague en l’ouvrant. Je recharge et la magie opère… L’évaporateur grésille, et le compresseur ronronne. Le froid arrive !! Le froid est là !

Maintenant qu’il est là, il faut encore qu’il y reste. Et compte-tenu de la non-isolation de la glacière sur le Rush il faut ajouter quelques centimètres d’isolant. Merci à Antoine et Laure chez qui je récupère les plaques de leur (ancien) plafond en polystyrène. Un peu de découpe, et de sika pour faire coller l’ensemble, et voilà une glacière transformée en frigo complet.

Etienne viendra dans quelques jours … Et nous pourrons profiter de l’eau fraîche et d’une conservation idéale de nos plats. Voir l’article sur cette balade estival en duo ici : Aout 2023 – Balade avec Etienne

Sauf que et bah non ! De retour en sifflotant le 13/08 patatra. Le groupe fait un bruit anormal, et l’évaporateur reste à température. Donc ni eau fraîche ni beurre salé au petit dej.

Je reconnais éprouver de la colère contre moi qui n’est pas réussi à faire fonctionner ce groupe, de la culpabilité d’avoir cherché une solution LeBonCoin au lieu de prendre un groupe neuf avec un évaporateur neuf. J’éprouve un sentiment désagréable de ne pas savoir faire. D’avoir cherché, et d’échouer…

La deuxième suite

Fort de ce constat d’impuissance, de manque de connaissances, de manques d’outil peut-être aussi, je fais appel à un professionnel. Au téléphone son constat est simple, direct et « sans appel » :

Impossible d’utiliser n’importe quel gaz, et avant d’ajouter du gaz il faut forcément tirer au vide.

Thierry – Frigoriste à Fos sur Mer

Rendez vous est pris pour une intervention : recherche de panne et remplissage en RA134, le fameux gaz initial, interdit à la vente aux particuliers.

Le 18/08 j’accueille Thierry à bord de Gorri. Dans un premier temps il tire au vide. Le vide se fait : ça nous rassure sur l’absence de fuite.

Il procède ensuite à l’injection du gaz idoine. Ajustement de la quantité, grâce à des mesures de la température d’évaporation. Il faut être entre -5 et -10°C ai-je appris.

Appareil et connexion permettant de tirer au vide le système (faire le vide)

Cette fois c’est bon. Le système a été revu par un professionnel : pas de fuite, le bon gaz, la bonne quantité ajoutée après une extraction des résidus antérieurs. Les étoiles sont alignées. A moi l’eau fraîche !!

Et pour être 100% sûr de garder le froid bien précieusement dans le frigo je poursuis l’isolation. Cette fois je m’appuie sur Valentin qui me raconte sa propre isolation. Je file au Leroy Merlin pour prendre des plaques de 3 cm de polystyrène ! Et pour faire circuler l’air j’ajouterai un ventilateur sur 12V pris chez Norauto !

Etienne est déjà reparti. Il ne profitera donc pas de ce nouvel ajout sur Gorri. En revanche, c’est Léa qui sera de passage mi septembre !

La troisième suite

Léa arrive le 11 septembre au soir, et nous filons à Martigues. La météo est clémente et nous envisageons d’appareiller vers midi pour passer le pont de 14h… Sauf que non ! En démarrant le groupe, rien. Absolument rien ne fonctionne comme prévu. Le bruit est revenu, l’évaporateur est chaud, etc.

J’inspecte de groupe et je vois une tâche de gras autour des connecteurs. Sous ces connecteurs : même constat. Une fuite ?? Alors que l’on a tirer au vide ?? Lors du remontage j’avais pris soin de bien serrer, et même de tester avec sopalin et eau savonneuse si je trouvais des fuites. Rien.

Heureusement Thierry me répond dès le mardi soir et il prévoit de passer pour regarder. Il pense que ce sont les joints autour des raccords. Il doivent être KO. C’est assez fréquent. Léa est compréhensive est accepte d’accord le passage du frigoriste avant de prendre la mer.

Mais Thierry ne viendra pas mercredi, ni jeudi. Après de nombreux appels et relance SMS, un ouvrier arrive. Il démonte le système et l’on constate qu’en effet les joints sont morts. Il installe les nouveaux et procède à la même méchanique que Thierry quelques semaines plus tôt : tirage au vide, remplissage.

Cette fois c’est sûr. Impossible après mes 2 tentatives, et les 2 passagesdes techniciens professionnels du métier, impossible d’imaginer que ça ne puisse fonctionner correctement.

Nous sommes vendredi 15/09 au soir et les contraintes des uns et des autres nous empêchent de planifier une sortie en mer… On ne fera qu’une balade dans l’étang avec Léa, une copine à elle et Diego. C’est dommage d’avoir loupé l’occasion avec Léa d’une pratique de la voile plus longue… Mais au moins, le chantier frigo est derrière moi.

La quatrième suite

Impossible de passer plus tôt. Je repasse en coup de vent au bateau avec Antoine et Laure sur la route des travaux d’Arles. Nous sommes le samedi 30 septembre. On lance et le frigo, et rapidement je constate … rien. Ni bruit ni froid. Peut-être faut-il plus de temps.

On s’absente 20/30 minutes pour prendre un déjeuner et de retour sur Gorri : toujours rien !! Rien sauf une flaque de gras sous les raccords. Ils fuient donc toujours. 😩

J’avais mis en attente la facture. Je voulais la régler (la seconde) quand je serai sûr de l’état du frigo. Un peu énervé contre le frigoriste et la situation je lui écris le lundi matin que la situation n’est pas résolue et par conséquent : je ne réglerai pas.

Il me rappelle dans la journée et là je dois dire avoir été surpris. Non seulement il s’est excusé pour avoir envoyé la facture – 150€ quand même – et qu’il s’agissait pour lui d’un service après vente. Le frigo fait du froid il faut donc trouver le problème et le régler une fois pour toutes. Rendez-vous est pris pour dans 15 jours.

Entre temps – entre le samedi pour Arles et le mail du lundi – ma patience et mon calme m’avait fait défaut et j’avais acquis un nouveau système. J’ai donc dû annuler la commande pour laisser Thierry jouer au magicien. Je n’avais rien à perdre comme ma dit Valentin.

Le 12/10 j’accueille donc cette fois Thierry et son collègue à bord de Gorri. Ils ressortent le groupe, et se mettent à deux sur les pinces. L’un dans un sens et l’autre à maintenir. On dit qu’il faut y aller à fond, ils n’y vont pas à moitié c’est sûr ! « Si ça ne fonctionne pas, il ne restera qu’à souder les raccords », m’indique Thierry.

La fin

Cette fois le froid tient. Il tient la journée. Mais il tient aussi le lendemain, et puis aussi 3 jours plus tard, et encore 1 semaine après. Les raccords sont secs. Je crois que c’est gagné !!!

Il tient. Ça oui. Tellement qu’il ne se coupe pas. Le thermostat est-il mort ? Cette histoire n’en finit pas !! Je teste le thermostat, le vérifie les câblages, tout est bon. Mon intuition me dit que le fait que la sonde soit côté évaporateur et que le capillaire qui la relie au thermostat soit à l’extérieur et passe à côté du compresseur – dans la chaleur – donc – altère le fonctionnement. Dans la sonde aussi c’est un gaz qui se détend et se comprime sous l’effet de la chaleur et qui transmet cette « tension » au thermostat via un capillaire très fin, isolé par du cuivre.

J’ai donc démonté l’ensemble et ai testé si en ayant le système à l’intérieur du frigo ça fonctionnait. Réponse : oui !! J’avais donc le droit de tout remonter et d’isoler à nouveau à la mousse expansive autour du câble électrique qui transmet la commande du thermostat au compresseur. J’ai ajouté un système de support en « L » fait maison en bois qui donne une touche assez singulière 😎

Notes pour plus tard

  • Pour les perçages trouver le bon diamètre dès le premier ou utiliser une scie cloche mieux pensée
  • Penser à manger ou prévoir des sandwichs pendant les travaux (j’en ai sauté le dîner du mardi soir et le dej du mercredi de la première installation)
  • Tacher d’être patient avec les travaux de seconde main
  • Apprécier chaque gorgée d’eau fraîche à partir de ce jour

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